
Bien longtemps marginalisées ou encore réduites au rang très « traditionnel » de la femme au foyer vouée à la maternité, les femmes ne se laissent plus décourager. Certaines parviennent à imposer leur leadership pour faire évoluer leurs idées de business et mener à bien leur entreprise.
Les success stories des femmes entrepreneures
Longtemps considéré comme un mauvais élève en matière de parité ou de promotion à l’emploi pour les femmes, le continent africain profite aujourd’hui de l’esprit d’initiative et du leadership des femmes, lesquelles représentent plus de la moitié de sa population. L’objectif de créer une activité à but lucratif pour permettre de subvenir aux besoins de sa cellule familiale a fait de nombre de femmes africaines des entrepreneures dans l’âme.
Les initiatives d’entrepreneuriat féminin sont actuellement bien plus nombreuses sur ce continent qu’ailleurs dans le monde, et y on retrouve des femmes notamment à la tête de structures agricoles, d’artisanat ou encore commerçantes sur les marchés. Reste que la femme africaine ne saurait être reléguée au rang de vendeuse de produits sur les étals de ces marchés.
Parmi les exemples saillants de réussite féminine sur le continent, Massogbè Touré Diabaté est une figure reconnue dans la promotion de l’anacarde (noix de cajou) en Côte d’Ivoire. Cheffe d’entreprise aguerrie à la tête de la société SITA SA, elle a su s’imposer dans le monde de l’industrie et relever les défis de l’industrialisation et de l’émancipation économique des femmes.
Toujours en Afrique de l’Ouest, Magatte Wade est une autre entrepreneure à succès. En véritable femme d’affaires, elle a su valoriser les produits naturels africains dans l’agroalimentaire et la cosmétique, principalement sur le marché américain. À la tête de deux entreprises à seulement 45 ans, Magatte Wade fait partie de ces jeunes Africaines qui contribuent au développement du continent.
Entrepreneure, une série de défis à relever
Si tout le monde peut en théorie le devenir, n’est pas entrepreneure qui veut. Réussir dans les affaires requiert un certain nombre de qualités et de compétences qui ne s’acquièrent pas toutes sur les bancs de l’école. Les entrepreneures africaines en font souvent la preuve, manifestant une forte personnalité qui les aide à faire face aux différents défis et difficultés qu’elles rencontrent au quotidien. C’est en cela que s’exprime l’essence même de la femme africaine : espoir, courage et persévérance. Des valeurs qui leur permettent aujourd’hui d’être une partie intégrante du développement économique, sociale et durable du continent.
Car les femmes doivent aussi gérer la cellule familiale avec efficacité, et s’organiser au mieux pour subvenir à ses besoins. Autant de qualités essentielles pour devenir entrepreneures. Makhtar Diop, vice-président de la Banque mondiale pour l’Afrique subsaharienne, n’a pas dit autre chose lors du forum Afrique France de décembre 2016 à Paris : « La capacité entrepreneuriale des femmes en Afrique est impressionnante. Elles sont des agents de production essentiels. »
Déterminées, ambitieuses et débrouillardes, les femmes africaines ne cessent de gagner en légitimité au sein de leurs communautés respectives, et ce malgré le sexisme et les inégalités auxquelles elles font face au quotidien.
Entrepreneures 2.0 : casseuses de codes
Quand on revient aux origines de l’entrepreneuriat féminin africain, ce qui vient à l’esprit, ce sont les femmes et les mères qui vendent des produits alimentaires sur les étals du marché, notamment en Afrique francophone. Ou encore les « nanas Benz », ces femmes d’affaires originaires du Togo dont l’activité principale est le commerce de pagnes.
Au fil du temps, a émergé une génération d’entrepreneures, en l’occurrence jeunes, qui cassent les codes et réussissent dans des secteurs traditionnellement dédiés aux hommes comme l’architecture, le génie civil, les nouvelles technologies de l’information et de la communication, l’aviation, la géologie ou les sciences. Le parcours de la célèbre « geekette » ivoirienne Édith Brou en est un exemple. Cette dernière a su prendre la vague du numérique et lui apporter sa touche personnelle dans un univers pourtant très masculin.
L’Afrique est LE continent de demain et le numérique a su ouvrir de belles portes pour accélérer sa transformation. En tant qu’entrepreneure opérant dans le numérique, je fais partie de cette vague de la jeune génération qui cherche à saisir les opportunités qui s’offrent à nous pour repenser une autre Afrique. Malgré les difficultés liées au coût et à la qualité de la connexion Internet sur le continent, le numérique offre de vastes opportunités d’affaires.
L’accès au financement et à l’information, un parcours du combattant
L’accès au financement est un des freins majeurs pour les femmes qui se lancent dans la création d’entreprises. L’entrepreneuriat féminin a en effet longtemps été considéré en Afrique comme un entrepreneuriat de subsistance, suscitant peu d’intérêt pour les investisseurs et les bailleurs.
De plus, les femmes sont encore nombreuses à ne pas détenir un compte bancaire au profit d’une épargne personnelle : leur taux de bancarisation est ainsi très loin derrière celui des hommes. L’accès à l’information est aussi plus difficile pour elles et apparaît comme un véritable facteur d’inégalité.
Cependant, avec l’évolution des nouvelles technologies et l’éclosion de cette nouvelle génération d’entrepreneures africaines, de plus en plus de programmes d’accompagnement, de formation ou encore de soutien voient le jour. Une aide précieuse pour que les femmes puissent entreprendre et développer leur leadership. Beaucoup de ces programmes ciblent les pays subsahariens où on trouve la majorité des femmes qui entreprennent dans l’informel et ont besoin d’un accompagnement lors du développement de leur concept. Mais ces offres ne sont pas toujours adaptées aux besoins du public cible.
La microfinance est un levier stratégique non négligeable pour de nombreux organismes financiers et bancaires qui ciblent les femmes créatrices de richesse et de valeurs sur le continent. Et si, auparavant, les femmes entreprenaient par nécessité, aujourd’hui elles sont de plus en plus nombreuses à entreprendre par envie et par choix. Un phénomène qui encourage davantage les organismes de financement et les programmes d’accompagnement à investir dans les projets qu’elles mènent.
La technologie et le numérique : accélérateurs de l’entrepreneuriat des femmes
Internet et le mobile ont clairement bouleversé la donne sur le continent africain et notamment dans les domaines de l’entrepreneuriat. Selon le cabinet de conseil MacKinsey : « Internet pourrait contribuer au PIB annuel du continent africain à hauteur de 300 milliards de dollars d’ici 2025, tandis que 67 millions de smartphones circulent déjà dans les mains d’une population extrêmement jeune. »
Les nouvelles technologies ont ouvert des champs d’action très prometteurs pour les femmes. Que ce soit dans les secteurs de l’éducation, des finances, de la santé, du commerce ou des médias, les femmes n’hésitent plus à surfer sur la Toile.
Ce levier de développement a permis de former des réseaux de femmes capables d’en conseiller, et surtout d’en inspirer d’autres. Le Women in Africa (WIA) ou WETECH Africa (Women in Entrepreneurship and Technology) font partie de ces réseaux qui promeuvent et financent des projets, souvent à fort impact économique et social et portés par des femmes.
L’avenir appartient aux entrepreneures
En Afrique, se développe un nouveau style d’entrepreneuriat qui allie les traditions locales et les réalités du monde socio-économique. Car le continent africain a une très grande particularité : il concentre une importante population de jeunes qui se modernisent tout en restant attachés à des cultures locales très fortes.
Les membres de sa diaspora en témoignent à travers le lien qu’ils nourrissent avec le continent africain lorsqu’ils entreprennent ailleurs. La culture africaine, riche et diverse, se déploie dans leurs modèles de business ou encore dans le choix des noms de leurs entreprises, que ce soit dans l’agroalimentaire, l’artisanat ou dans d’autres domaines.
Cette exception est une promesse d’attractivité pour le continent. C’est pourquoi il est si important que cette nouvelle génération de femmes entrepreneures conserve des traditions qui font la marque et l’intérêt du continent pour les investisseurs.
Comment accompagner de jeunes Sahéliennes et Sahéliens d’aujourd’hui à devenir pleinement actrices et acteurs de leur avenir, d’un avenir différent, d’un avenir désirable ? Telle est la question à l’origine du programme de prospective positive « Sahélien·ne·s 2040 » imaginé et lancé par le Campus AFD, après avoir été inspiré par Afrotopia, un essai du philosophe et économiste Felwine Sarr, dans lequel il appelle de ses vœux cette « utopie active qui se donne pour tâche de débusquer dans le réel africain les vastes espaces du possible et les féconder ».
Quatre participants à ce programme prennent la plume sur iD4D pour tracer les contours de cet avenir souhaité, dans une série dédiée. Originaires du Burkina Faso, du Mali et du Sénégal, Adam Dicko, David Zouré, Sandrine Naguertiga et Alpha Dougoukolo Ba Konaré développent à leur façon les grandes thématiques ressorties de ce voyage de prospective, évoquant celles et ceux qui ouvrent des brèches, s’emparent des leviers de changement et dessinent des possibles.
Sarah Marniesse (Responsable du Campus AFD) et Jean-Marc Pradelle ( président de l’ONG Gdrd)