En septembre 2000, 189 dirigeants mondiaux ont souscrit à la Déclaration du Millénaire des Nations Unies qui a pour objectif d’améliorer les conditions de vie des populations les plus défavorisées du monde. Ils ont pris des engagements concrets afin d’éradiquer l’extrême pauvreté et la faim avec un programme en huit points comprenant des objectifs spécifiques assortis d’un calendrier. Ces objectifs sont depuis connus sous le nom d’objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et l’échéance fixée pour leur réalisation est 2015.
Dix années se sont écoulées et, dans quelques jours, le Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, accueillera un sommet majeur où seront réunis des leaders mondiaux mondiaux afin d’examiner la mise en œuvre de la Déclaration du Millénaire et de ses objectifs. Plusieurs de ces derniers requièrent encore des progrès majeurs. Aujourd’hui, à seulement cinq années de l’échéance, les leaders mondiaux ont l’opportunité d’intensifier leurs efforts et d’honorer leurs engagements.
Assurer l’accès à une eau potable salubre et aux services d’assainissement s’avère essentiel pour éradiquer la pauvreté et la faim. Mais actuellement, près d’un million de personnes n’ont toujours pas accès à une eau salubre et plus de 2,6 millions n’ont pas accès à des installations sanitaires de base. Bien que quelques pays puissent atteindre les objectifs pour l’eau et l’assainissement, on n’insiste pas suffisamment sur le rôle que peut avoir l’eau pour la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement. Et pourtant, il est bien connu que l’eau salubre et une gestion intelligente de l’eau réduisent la mortalité juvénile, favorisent la production de cultures locales pour lutter contre la faim extrême et diminuent l’incidence de la malaria et d’autres grandes maladies liées à l’eau et à l’assainissement.
Au sommet des Nations Unies, les leaders mondiaux doivent reconnaître que l’amélioration de l’accès à l’eau et aux installations sanitaires renforce la capacité de réaliser tous les OMD. Il existe une corrélation claire entre l’eau propre, des installations sanitaires de base, l’éradication de l’extrême pauvreté et le développement socio-économique. À de nombreux égards, garantir l’accès à une eau salubre est un catalyseur de changements et de développements plus généraux.
Mais l’eau peut aussi être un ennemi. Les récentes catastrophes qui ont frappé le Pakistan et la Chine ont montré une nouvelle fois que des inondations à grande échelle peuvent détruire de vastes étendues de terres productives et anéantir ainsi les moyens de subsistance. Après une inondation, des populations privées d’eau potable salubre doivent lutter à nouveau pour leur survie. Le seul fait d’être en mesure de faire face à ces catastrophes et de garantir l’accès à l’eau et à l’assainissement nous permet de réduire la pauvreté et la faim. Si nous n’investissons pas de manière appropriée dans la gestion de nos catastrophes liées à l’eau, nous continuerons à empêcher des populations de sortir de l’extrême pauvreté.
Le 28 juillet dernier, 122 membres de l’Assemblée générale des Nations Unies ont approuvé un document sur le droit à l’eau. Ils ont fait appel à tous les États et aux organisations internationales afin d’obtenir des ressources financières, de renforcer les capacités et de transférer les technologies pour assurer une eau potable et des installations sanitaires à des prix abordables. Pour la première fois, l’Assemblée générales des Nations Unies a confirmé que l’eau et l’assainissement sont essentiels à la réalisation des droits de l’homme.
Au cours de ce prochain sommet, les dirigeants mondiaux devront témoigner d’un engagement ferme pour accélérer tous nos efforts et créer un monde où l’accès à l’eau et à l’assainissement n’est pas un luxe. À cette fin, les progrès à réaliser en matière d’eau et d’assainissement doivent être reconnus comme un objectif primordial dans le cadre des objectifs du Millénaire pour le développement.
Le sommet offre aussi la possibilité de mobiliser des moyens financiers additionnels afin de favoriser la réalisation de cet important défi mondial. Pour cela, de nouvelles ressources financières doivent être disponibles grâce à des transferts internationaux qui stimulent la croissance et le développement. Ces nouvelles ressources peuvent idéalement être obtenues de la taxation des transferts financiers internationaux et du trafic aérien international. Sans ces moyens, les engagements pris ne seront pas honorés. Les leaders mondiaux doivent maintenant passer à la vitesse supérieure et saisir l’opportunité de mettre un terme à la pauvreté avec l’eau.